Même pas 2 mois que j’avais un nerf coincé dans le dos que me revoilà aux urgences, cette fois-ci sur la côte Ouest.
Après 3 jours de maux d’estomac, je me décide à consulter. Je vais à une « emergency room » et la doctoresse, bien que fort sympathique, ose me renvoyer chez moi avec des pastilles… Voyant des larmes de douleur se former au coin de mes yeux, elle lance « Ah, si c’est à point là il va falloir aller à un vrai hôpital. » Ah vraiment ? J’ai seulement perdu une heure et demie pour une consultation qui n’aura servi à rien.
Je retourne donc à ma voiture pliée en deux et me dirige vers le vrai hôpital pour avoir un vrai soin. Je me gare, j’annonce ma venue, remplie leurs 23 papiers, et je n’attends que quelques minutes avant d’être appelée. Là, une charmante dame prend ma tension, un secrétaire en chemise et cravate roses m’accroche un bracelet autour du poignet et c’est tel un produit de supermarché que je retourne m’asseoir avec un code barre.
Peu de temps après, je passe enfin la porte des urgences. Un petit chauve me conduit derrière un rideau et me désigne une blouse à fleur. Je l’enfile donc avant qu’un grand brun en uniforme bleu nuit ne m’indique les toilettes et me parle d’un petit gobelet à remplir. J’y vais, fais ce que j’ai à faire, et sort pour me retrouver au milieu de pompiers, médecins, infirmiers, 20 personnes qui vont et viennent et moi au milieu comme une imbécile avec mon gobelet et ma blouse XXL ouverte dans le dos…
Le canon en uniforme bleu revient et commence à m’examiner, me tater et me poser des questions sur ma vie aux toilettes. Non, vraiment, c’est un plaisir de parler de ça avec Apollon. J’essaye ensuite d’engager la conversation :
- Are you a doctor ?
- No, I’m a nurse (comique quand c’est un homme viril qui vous dit ça)
- On TV, with your uniform, you would be a surgeon (et là je pensais à ce canon de Dr Sheperd dans Grey’s Anatomy)
- (…) Pas intéressant dc je coupe.
- How long have you been a nurse ?
- One week.
- Oh, and before that what did you do ?
- I was driving tractors.
Encore un que la crise économique a changé !
Il me vole alors 2L de sang et me laisse seule, agonisant derrière mon rideau avec une aiguille encore plantée dans le bras gauche. Puis Dr Lee arrive, m’examine davantage et conclut après m’avoir posé une série de questions : « Vous avez un ulcère qui commence, je vais avoir besoin de plus d’examens. ».
J’avais alors l’espoir de voir revenir mon grand brun, mais au lieu de ça une dame un peu dodue et souriante est arrivée avec une pile de papiers dans les mains pour m’annoncer qu’ils ne m’avaient pas trouvé dans les fichiers de l’assurance (pourtant je me souviens très bien des $342 versés à l’UNF !!!!) et qu’elle me remettait donc une facture de $300…
Après le passage de cette gentille madame, un autre petit chauve plus bronzé vient me piquer dans le bras droit et s’étonne que je pleure. Il tente alors de me remonter le moral en me disant que j’ai un très joli prénom. J’ai alors envie de lui dire que j’en ai rien à cirer et que j’en ai marre de ce pays mais je me retiens. Ce n’est pas de la faute de ce petit chauve.
Après encore une bonne heure d’attente derrière mon rideau, Dr Lee revient avec plein de papiers. Verdict : ulcère, traitement pendant un mois, abandon du café, thé, chocolat, fruits acides, nourriture épicée ou grasse.
Après avoir réglé le problème de l’assurance et avoir obtenu les pillules, je commence à retrouver mon moral.
A l’aube de mes 24 ans, j’aurais expérimenté le meilleur comme le pire en tant qu’expatriée et me sens définitivement prête à affronter les vicissitudes des 80 années à venir.



